Sur ce je vous souhaite bonne lecture et à la prochaine ;p bye bye !!
PS: merci beaucoup pour vos commentaires, ça me fait vraiment plaisir et me poussent à continuer sur ma lancer :)
Le vampire se rapprochait dangereusement. Kou le voyait comme au ralentit. Son corps était pétrifié, refusant de lui obéir. Ses yeux se fixèrent sur ses crocs acérés, de la salive coulait entre ses dents fines et pointues. Un réflexe le fit imperceptiblement reculé.
«si je ne m'enfuis pas il va me tuer! ».
Le plomb de ses jambes commença à s'estomper, le vampire n'était plus qu'à un mètre de lui. Prédateur.
«je vais ... mourir!! »
La distance entre ses paupières augmenta à ce constat. La pression sur ses membres se relâcha un peu plus. Il eut un autre mouvement de recul, conscient cette fois-ci.
«non ... je ne veux pas mourir» s'écria-t-il, intérieurement, retrouvant de sa combativité dans ses yeux jusqu'alors terrorisés.
La motricité de son corps lui revient subitement, poussé par sa volonté. Des spasmes le faisaient trembler mais il n'en avait pas conscience. Il fit vivement volte-face et s'enfuit aussi vite que lui permettaient ses membres engourdis par le froid. L'écho du rire de l'autre le poursuivait dans sa fuite. Un rire dément qui résonnait jusqu'au fond de ses entrailles. Des sueurs froides glissaient sur son corps, le faisant frissonner, de peur, de doute, de regret, il ne savait pas, mais elles lui glacèrent le sang.
Le coeur battant à tout rompre. Il slaloma entre les arbres, essayant de distancer son agresseur, aussi vite que lui permettait ses jambes douloureuses. Les amas de feuilles et les branchages craquèrent sous ses pas précipités. Le sol terreux, glissant, gênait sa progression, le faisant trébucher à chacune de ses foulées. Il sentait la présence du vampire derrière lui, son envie de meurtre, de sang, son rire dément qui se rapprochait, gagnait du terrain sur lui. Comme si il avait sentit son souffle glaciale dans sa nuque, il se retourna brusquement, courant presque à reculons, apeuré.
Une fraction de seconde, il ne sentit plus le sol sous ses pieds,comme suspendu, avant de tomber à la renverse. Un cri de surprise s'échappa de sa gorge et il dévala la pente raide, faisant des tonneaux. Cet instant sembla durer une éternité jusqu'à ce qu'il se stoppa enfin, durement sur le sol caillouteux, au pieds de la pente, le visage dans ses bras. Il resta quelques secondes dans cette position avant de se relever péniblement, assis sur ses talons, un peu sonné, dans des gémissements de douleur. Son corps tremblait sous l'adrénaline. Des égratignures couvraient maintenant son corps et son visage, rendues plus virulentes par le froid environnant. Un douleur dans son bras droit se fit plus drue que les autres, lui arrachant un nouveau gémissements. Il appuya sur la zone de son bras touché pour la dissiper un peu, rencontrant sa chair meurtrie, incrusté de pierres et de détritus végétales. Des débris de vêtements avaient rejoins le tapis végétal. Il poussa un long soupir pour se calmer et se redressa, le fort-sonné était encore à ses trousses. Mais à nouveau, une douleur le traversa, nouveau grognement de douleur. Cette fois, elle coulait de son pied au haut de sa cheville, il se l'était sûrement foulé. Un autre soupir. Il ferma les yeux brièvement et les rouvrit, une lueur déterminé sous ses sourcils froncés. Il devait se barrer d'ici avant qu'il n'arrive. Il fit autant que possible abstraction de ses blessures et entrepris de grimper l'autre versant de la pente. Se mordant l'intérieur de la joue pour ne pas laisser éclater sa douleur.
Une ombre vient subitement recouvrir la sienne. Ses yeux s'écarquillèrent. Son coeur rata un battement, son souffle se fit difficile saccadée. De l'eau glacée coula dans ses veines. Il se retourna avec lenteur, comme par peur de se rapprocher de sa mort. La silhouette du vampire se détachait au-dessus du fossé, le surplombant de toute sa stature, sa puissance étouffante, son aura meurtrière. Kou ne vit que son sourire prédateur, et son regard de folie.
-je te tiens! Murmura-t-il entre son crocs.
Kou, les yeux exorbité, réagit au quart de tour, remontant la pente au pas de course.
Le vampire, éclata d'un nouveau rire, excité par la chasse, sur de la prise de cette nuit. Il sauta dans la fosse, atterrissant avec souplesse juste derrière sa proie. Celui-ci glissa sur le sol humide. Il lui saisit la cheville, le faisant tomber en avant.
Kou s'étala sur le sol boueux dans un gémissement de douleur. De nouveaux intrus avaient passé la barrière charnel de sa peau. Le vampire tira brusquement sur sa cheville déjà blessé, un ricanement de victoire entre ses dents.
Le jeune homme glissa sans pouvoir rien faire sur les feuilles. Il se débattit et tenta de se retourner sur le dos. L'homme le dominait de toute sa hauteur maintenant. Il tâta le sol pour trouver une arme efficace contre ce monstre. Les crocs se rapprochaient déjà de sa chair. Les sueurs froides glissaient sur son front. Les battements de son coeur lui faisaient mal contre sa poitrine. Il se débattait autant que possible, donnant des coups de pieds à l'aveuglette. Le vampire était maintenant sur lui, tentant de le mordre de ses crocs acérés, le griffant avec ses ongles longs et sales. L'odeur du sang enivrait les narines du vampire qui réussit à lécher le liquide qui s'écoulait des griffures faite à son poignet. La lueur rouge de ses yeux s'intensifia, lui donnant l'air d'un véritable psychopathe près à dévorer, de son instinct animal, une victime impuissante. En sueur et terrifié, guidé seulement par l'adrénaline qui coulait en masse des ses veines, il essaya de s'échapper de cette emprise oppressante. Soudain, une matière dure et froide rencontra la peau de sa main. Il détourna un court instant le visage du monstre affamé pour se saisir d'une énorme pierre sombre, couverte de terre. Une lueur d'espoir fit rater un battement à son coeur. Sans pitié et avec toute la rage qui émanait de son être il frappa violemment le visage du vampire. Sa tête vira à droite sous la violence du coup mais il revint rapidement à l'attaque, la gueule grande ouverte sur sa dentition en sang. Sans état d'âme, le châtain frappa encore et encore, toujours avec la même force, la même virulence dans son geste, jusqu'à se que l'homme valse en arrière, le crâne défoncé. Le sang sombre du vampire gicla de la blessure.
Kou ne perdit pas de temps, il se redressa, reprit son ascension et s'enfuit le plus vite possible. Le vampire ne tarderait sûrement pas à le reprendre en chasse, malgré les coups qu'il avait reçut. Mais il se sentait épuisé, sa cheville foulée le faisait souffrir, la traînant à moitié. Ses autres blessures se ravivaient. Son bras meurtrit, était vraiment douloureux maintenant. Et la perte de sang, même minime, se faisait sentir dans son corps. Le vent glacé semblait s'immiscer par elles dans ses entrailles, ralentissant ses pas. Mais il devait à tout prix s'éloigner, trouver un endroit sûr où se réfugier. L'image d'un autre vampire s'inscrivit dans son esprit, brun, un peu distant parfois, mais qui savait avoir des petites attentions. Il se sentit gagner par une certaine tristesse. Non, il secoua la tête, ce n'était pas le moment de se morfondre. En admettant qu'il ne lui en veuille plus, il y avait de faibles probabilités pour qu'il vienne le chercher. Il se concentra à nouveau sur sa course. En trébuchant, il arriva à se frayer un chemin entre les arbres.
Bientôt, le bruit des pas de son poursuivant se répercutèrent derrière lui. Son avance était trop infime, il n'avait aucune chance de lui échapper. Il jeta un furtif regard en arrière, mais ne vit rien. Aucun mouvement, rien ne pouvant lui ''montrer'' qu'il était poursuivit. Il ralentit sa course pour finalement marcher et arrêter son pas. Les sens aux aguets au moindre mouvement, au moindre bruit, son. Seul un silence de plomb, lourd, oppressant lui répondit. Son souffle haletant était le seul son qui semblait se répercuter dans toute l'espace qui l'entourait. Faisant écho. Son coeur battait de manière frénétique, affolée. Cet ambiance glacée, suffocante dura une longue minute qui fut comme une éternité pour le châtain, tremblant et blessé.
Puis, comme la bobine d'un film qui se remet en route, un craquement léger mais sonore résonna derrière lui. Il sursauta violemment avant de se retourner en hâte. Une certaine fatigue liée au stress de l'angoisse et la peur étaient maintenant clairement visible sur son visage d'une pâleur mortelle. Il plissa les yeux, se concentrant sur la provenance approximative du craquement. Des crocs luisirent dans l'obscurité des bois. La silhouette qui se dessinait telle une ombre fantomatique. Kou pouvait sentir de l'endroit où il se trouvait la faim dévorante qui animait le vampire affamé. Les yeux exorbités, les palpitations désordonnées face à ce sourire carnassier battait à ses oreilles. Kou sentait ses forces faiblirent, se para lyser. La douleur de sa cheville le lançait affreusement, lui faisant reprendre ses esprits. Il réussit à reculer de quelques pas mais son dos rencontra rapidement la surface dur et irrégulière d'une tronc d'arbre. Le vampire se lança en avant, sa gueule béante prête à mordre, tuer, déchiqueter tel un animal enragé. Kou ferma les yeux avec force. Il ne pouvait plus lui échapper, c'était fini, il n'arrivait plus à fuir et encore moins à bouger. Une seconde s'écoula. Puis brusquement, il se sentit happer en arrière, un souffle court à ses oreilles montra un déplacement. Tout s'arrêta ensuite.
Kou sentit envahit par une chaleur habituelle qui l'enserrait avec possessivité. Il resta un instant les yeux fermés, voulant profiter de ce moment de bien être, avant de retourner à l'horreur qui l'attendait, à la douleur qui allait suivre.
Prenant une profonde inspiration, rassemblant ses dernières onces de courage, il ouvrit lentement les yeux. Ce qu'il vit le laissa perplexe. Une veste noir. Il releva lentement le visage. Sur celui-ci passa un instant l'incompréhension puis le soulagement. Il lança échapper un soupir las. Blood était là, le regard fixé droit devant lui, toujours avec ses sourcils excessivement froncés, manifestation d'une rage continue. Son bras puissant et protecteur entourait ses épaules, le serrant contre sa poitrine. Il releva finalement les yeux sur le vampire. Son flair lui avait sûrement permit de le retrouver, avec tout le sang qu'il avait sur lui maintenant...
-Blood ... réussit à articuler le châtain, retrouvant le calme.
Celui-ci continua de menacer l'autre du regard, tout en resserrant sa prise autour des épaules de son cadet. Le vampire en chasse brisa le silence en premier.
-voyez m'excuser très cher congénère mais je voudrais récupérer ma Proie! Exigea-t-il, goguenard.
Blood ne réagit pas, et lâcha d'un ton glacial et tranché.
-cette ''Proie'' m'appartient. Tu es sur mon territoire, dégages!!! Ordonna-t-il d'une voix forte qui ne permettait aucune remontrance.
Kou vit les pupilles du vampire se rembrunirent à cette manifestation d'autorité. Sa mâchoire se crispa. Il ne chercha plus à cacher sa frustration.
-il m'appartient! Je ne laisserais personne me la pendre et surtout pas une immondité prétentieuse de ton espèce! Cracha-t-il d'un air méprisant, près à fondre à tout instant sur les deux hommes.
Kou serra inconsciemment un pan de la veste de son aîné entre ses doigts. Tremblant par secousses. Une tension palpable se répandait dans l'air, agressive, écrasante. Des gouttes de sueurs froides coulaient le long de son dos et sur ses tempes. Même les secondes courageuses semblaient passer avec lenteur pour ne pas se faire remarquer par les deux êtres nocturnes.
Blood le fixa avec plus de rudesse et de froideur. Ses yeux acérés auraient pu couper une fines lamelles de viandes leur agresseur. Les deux vampires se défiaient. Le sourire fêlé revint sur les lèvres de l'autre. La confrontation était inévitable.
-Kou!
La voix grave mais tel un murmure, qui brisa la tension hypnotique du lieu, fit sursauter violemment le concerné. Il releva son visage blême vers lui. Blood ne le lui rendit pas. Concentré sur son futur adversaire.
-ne regardes pas!
Sans lui laisser le temps de répliquer ou même de comprendre cet ordre, il se retrouva le visage plaqué en douceur contre la veste noire. L'étreinte autour de ses épaules l'empêcha de faire le moindre geste.
Blood le maintient fermement. Le châtain n'avait pas besoin de voir ce qui allait suivre, l'entendre serrait bien suffisant. Il avait subit assez de turbulences pour cette nuit. Cette attention était la moindre protection qu'il pouvait lui fournir.
Le vampire profita de ce moment de flottement pour se précipiter sur eux, animé par sa soif incontrôlable. Blood ferma les yeux en poussant un soupir, avant de les rouvrir, aucune émotion ne filtrait dans ses prunelles froides. L'image du vampire enragé se refléta un instant, grossissant. Le choc n'allait pas tarder. Mais l'autre ne vit pas, alors qu'il bondissait sur celui qui lui avait volé sa proie, le mouvement rapide de son bras. Un jet lourd et puissant de sang sous pression gicla.
Kou ne vit que le noir de la veste de son aîné devant lui. Il était certain qu'il arrivait à ressentir ses battements de coeur contre sa poitrine. Tout à coup, il entendit le vampire hurler, gagnant en puissance à chaque foulé. Il n'était plus loin d'eux. Ses doigts se resserrèrent sur la veste et il ferma les yeux. Il aurait voulu se retourner mais l'étreinte autour de ses épaules était trop puissante.
Il sentit soudainement le mouvement brusque de Blood, qui dressa son bras devant lui. En moins d'un seconde, le son qui suivit stupéfia le châtain, lui glaça les entrailles. Les yeux écarquillés, complètement figé. Un son de chair déchirée, de peau transpercée, d'os qui craquent, se brisent. Sa respiration se fit difficile, saccadée. Il s'agrippa franchement à la veste du vampire faisant blanchir ses phalanges. Puis il y dissimula son visage. L'odeur crasseuse et âpre du sang atteint tout de même ses narines. Il l'aspira à contre-coeur et faillir défaillir, l'esprit brumeux et trouble. Un scène lointaine, irréelle se forma dans son esprit, dans ses prunelles. Il trembla et ferma les yeux. Des gouttes carmin coulaient le long de son corps, sur sa peau. Il pouvait presque sentir sa chaleur son épaisseur. Il vit la neige blanche, molle, froide, formée un coussin sous ses pieds nus, contraste indubitable avec la chaleur de la cheminée, dont les flammes craquaient encore dans l'âtre.
Le sang mêlé à la douceur du foyer et la blancheur sans tâche de la neige...
Blood le bras tendu, fixa avec une froideur indéfinissable le visage crispée par la souffrance. Son geste furtif et rapide avait été invisible aux yeux de son assaillant qui maintenant, payait sa témérité. Son corps empalé de son congénère sur son bras tendu, jusqu'au coude. La main dépassait dans son dos. Son coeur reposait maintenant dans le creux de celle-ci, éjecté de sa poitrine dans un jet noir. La chair était déchirée de part et d'autre de son torse. Du sang avait giclé du trou dans son dos et coulait maintenant en couche épaisse des blessures sur le bras, pour tomber sur le sol en une large flaque presque noir, sans la lueur de la lune.
Blood n'avait aucune réaction, face à l'horreur de la mort devant lui. L'autre, les yeux exorbités par l'incompréhension et la douleur, la bouche ouverte qui ne laissait passé aucune son. Ses yeux se vidèrent de toute vie progressivement. Puis doucement, la silhouette se désagrégea en multiples amas de cendres, jusqu'à faire disparaître le corps dans cette forêt impartiale, balayé par une douce brise tiède. Le coeur dans sa paume resta un peu plus longtemps avant de subir le même sort. Dernière cruauté. Il resta un instant dans la même position, bras toujours tendu, à observer le spectacle des particules et le liquide rouge, docilement accroché à son manteau. Avec un soupir, il l'abaissa enfin, sortant ainsi de sa contemplation morbide. Sa veste allait de nouveau avoir droit à un détour au pressing.
Des tremblements contre son torse, le ramenèrent au jeune homme toujours protégé de son étreinte. Il baissa les yeux vers lui et fronça les sourcils. Il paraissait tétanisé, ses phalanges blanchies à force de serrer la veste dans son poings. Blood vit un tout autre aspect de sa personnalité. À cet instant, il semblait fragile, dépourvu de toute son assurance et de sa jovialité habituelle. En même temps, n'était-ce pas normal, vue la situation?
Blood ne savait pas trop comment réagir à cette détresse. Il pausa alors tout simplement sa paume sur la tignasse du châtain, en douceur. Pour le rassurer. Les secousses se calmèrent au bout de quelques minutes. Blood ne parla pas durant ce laps de temps, préférant le laisser se remettre de ses émotions. Kou finit par s'écarter un peu, mais ne fit aucun autre geste pour rencontrer les yeux du vampire. Il se contenta de rester débout devant lui.
Se fut Blood qui rompit en premier le silence.
-ça va aller?
Kou se contenta d'hocher la tête dans la positive. Blood finit de l'écarter et le fixa de ses yeux perçants. Le châtain ne le regarda pas une seule fois. Il semblait déconnecter de la réalité, plongé dans ses pensées, inaccessible. Le regard de Blood dériva, il remarqua la blessure à son bras, superficielle mais elle pouvait s'infecter. Aussi, le jeune homme ne posait pas son pied droit à terre, le bougeant le moins possible. Sa cheville devait s'être foulée lors de la poursuite. Il faudra qu'il regarde ça lorsqu'ils seront rentrés.
-viens on rentre! Je vais te porter! Dit-il d'une voix calme pour ne pas le brusquer, en lui montrant son dos.
Il acquiesça et s'y hissa, posant ses mains sur les larges épaules du vampire, sans un mot.
Une fois le jeune homme installé, Blood se mit en route, sans être gêné par le poids plume qui occupait son dos. Ils avancèrent en silence dans la forêt sombre. Même le vent frais et les animaux nocturnes semblaient se faire discrets, avançant sans un bruissement de feuilles. Le vampire sentit bientôt la tête de son cadet tombé à la base de sa nuque et l'étreinte de ses doigts se resserrer sur sa veste. Il lança un coup d'oeil en arrière. À quoi pouvait-il bien penser pour être atteint de la sorte? C'était sûrement en partie de sa faute, l'avoir traité comme il l'avait fait, avec autant de cruauté n'arrangeait sûrement rien à son moral. Ils allaient devoir s'expliquer, mais avant soigner toutes ses blessures.
Une brise souffla dans son dos. L'odeur du sang du châtain, même séché, enivra ses narines, trop pour ne pas y être sensible. Il se força néanmoins à ne pas y penser, gardant un semblant de self-control. Il devait rester attentif, d'autres vampires pouvaient être attirés par cette odeur si attractive pour son espèce. De plus, il savait que tous ces évènements étaient arrivés par sa faute, que le gosse avait été blessé. Mais tout ça, il le réglerait en temps et en heure.
Au bout d'un quart d'heure de marche, ils arrivèrent enfin devant les grandes portes de la demeure, restées ouvertes.
Kou ne fit absolument pas attention à se qui l'entourait. Son esprit s'était fermé à la mort du vampire. Ce son, ces sensations, le sang qui s'écoule... tout ça lui était familié, mais il n'arrivait pas à s'en souvenir. Son regard vogua sur le coté gauche de son pantalon. Une trace de sang s'y était imprégnée, sûrement des résidus de celui qui coulait encore de la manche et de la main de Blood. Il suivit des yeux le cheminement des gouttes, s'écrasant une à une sur le sol terreux et froid. Le même sol qu'il avait foulé peu de temps auparavant. Mais ses prunelles ne voyaient presque rien, des marres carmins obstruaient sa vision, fragments d'un événement oublié.
Il ne se rendit pas compte qu'ils étaient arrivés à destination.
Blood entra dans la demeure et ferma la porte d'un coup de pied. Le claquement de celle-ci eut au moins pour effet de sortir le châtain de sa léthargie, qui un peu perdu mis du temps à se repérer et reconnaître l'endroit où il se trouvait. Il laissa échapper un faible soupir entre lassitude et exaspération. Il était de retour.
Blood avança dans le hall, puis tourna vers le salon. Il déposa son fardeau sur le sol en douceur, se baissant pour ne pas blesser plus sa cheville. Il l'aida ensuite à s'asseoir sur le canapé avant d'allumer la lampe sur la petite table ronde qui reposait à coté du canapé. Kou resta silencieux, fixant le plancher d'un regard vague. En l'observant avec attention, Blood pouvait voir les cernes violacées qui se dessinaient sous ses yeux, ainsi que son visage plus pâle qu'à l'accoutumer. Des égratignures marquaient un peu son visage, ses mains, ses genoux que le tissus déchiré de son jean laissait apercevoir. Une colère sourde monta en lui, s'il n'avait pas encore tué cet enfoiré, il l'aurait fait maintenant. Il regarda de nouveau le visage du gamin, qui restait silencieux. Blood poussa un léger soupir, il ne savait que faire face à ce mutisme. Il remarqua tout à coup, que Kou fixa avec insistance, sa manche tachée de sang, puis il le vit réfréné un frisson, en entourant ses bras autour de sa poitrine, s'enfonçant dans la surface moelleuse du canapé, les yeux clos, comme pour fuir quelque chose. Blood eut un léger sourire compatissant – il ne se croyait pas capable de ça, quelle révélation-. Il se détourna lentement.
-je vais chercher de quoi bander ta cheville! Se contenta-t-il de dire, par dessus son épaule.
Le jeune homme acquiesça.
Il se rendit à l'étage, dans sa salle de bain, opta sa veste qu'il posa sur le rebord de la baignoire et entreprit de se laver les mains, couvertes d'une fine couche carmin séchée. Ensuite il se saisit de tous le matériel nécessaire pour nettoyer les plaies et la cheville du gosse. Il redescendit donc munit d'une bassine à moitié remplit d'eau, d'une gant de toilette, de compresses, d'une bande, d'une crème anti-inflammatoire et d'alcool, sous les bras. Le salon était toujours dans le silence religieux qui accompagnait le châtain. Blood poussa un soupir, en le rejoignant. Même si il lui coûtait de le dire, la vivacité naturelle du gosse lui manquait déjà. Il s'accroupit de sorte d'être en face de lui, son dos maintenus par la table basse. Il posa son matériel de coté.
-montres-moi ta cheville! Ordonna-t-il doucement, en tendant une main devant lui.
Kou obéit docilement, plaçant sa cheville dans la paume ouverte. Blood la cala sur son genou. Le pieds était couvert d'écorchures. Particules de sang mêlées à la terre séchée. Le vampire remonta doucement le pantalon jusqu'au genou, découvrant quelques égratignures. Se saisissant du torchon imbibé d'eau qui nageait à la surface de la bassine, il commença à nettoyer les plaies du pied blessé. Tout ça se fit dans le plus grand silence. Seul les gémissements, ponctués de douleur, du châtain s'élevait de temps à autre, lorsque sa cheville le faisait souffrance ou lors du trop brusque contact de l'alcool sur ses blessures.
Après que ça tache première fut achevé, Blood prit la pommade anti-inflammatoire, en mit un peu sur ses doigts puis exerça un léger massage sur la partie foulée de la cheville. Il l'appliqua dans un léger frôlement au départ, tâtant la zone douloureuse, pour ne pas lui infliger trop de souffrance. Il ne s'était pas raté, il avait dû se faire ça lors d'une chute plutôt violente, au vue de l'état déplorable de ses vêtements. Puis commença le vrai massage. Kou serra les dents au départ, puis progressivement ses traits se détendirent, sentant les biens-fait de la crème, enveloppée d'une douce chaleur réparatrice la zone douloureuse. Ce massage expert lui faisait le plus grand biens, il s'enfonça confortablement dans le canapé, un air béat sur son visage. Blood sourit en coin face à cette réaction. Le moment était venu pour engager une conversation plus sérieuse, pendant que l'air était moins lourd entre eux.
Il continua de masser la cheville, sans relever la tête, concentré sur sa tâche.
-je suis désolé!
Kou, qui eut quelques secondes de réaction, releva son visage marqué par la fatigue vers le vampire et pencha la tête sur le coté ne semblant pas comprendre. Sûrement encore abruti par le massage.
-c'est de ma faute si tu as été blessé cette nuit. Et moi-même je t'ai frappé et t'ai dis des choses que je ne pensais pas. Je me sens navré de cela!
Un sourire étira le visage trop pâle du châtain, lui redonnant un peu vie.
-tu n'as pas à t'excuser comme ça tu sais. C'est surtout de ma faute. Je n'aurais pas dû te désobéir. En plus, je me suis sauvé alors que je savais que c'était dangereux, je n'ai eut que ce que je méritais! Déclara, calmement Kou, avec un léger sourire triste, prêt à tout assumer.
Blood releva la tête, surprit. Mais ne le montra que par un froncement de sourcils un peu plus accentué. Le sourire forcé et le fait qu'il ne lui en voulait pas, le fit encore plus culpabilisé. Il finit de bander le pied et la cheville pour l’immobiliser un minimum puis le posa doucement à terre, et vint s'asseoir à ses cotés. Il passa un main chaleureuse dans la chevelure du châtain et les lui ébouriffa doucement. Kou resta interdit à ce geste d’affection, perdant son sourire.
-tu ne devrais pas dire une telle chose! Tu ne le méritais pas! Même si tu m’as désobéit je n’aurais pas dû agir de la sorte! Affirma-t-il, avec calme et sincérité. J’ai juste une chose à te dire, ne te sauves plus comme tu viens de le faire ce soir. C’est suicidaire pour un humain de s’aventurer dans cette forêt en pleine nuit – surtout en étant déjà blessé-!
-oui, c’est que j’ai pu remarquer! Acquiesça le châtain, en grimaçant. En plus je me suis perdu, je n’ai vraiment pas le sens de l’orientation! Plaisanta-t-il, comme pour clore la discussion, suivit d’un petit rire clair.
Cela attira un rictus au vampire.
-tu devrais prendre une douche tout à l’heure, ça désinfectera tes plaies.
-ce ne sont que des égratignures! Dédramatisa Kou, avec un haussement d’épaules.
-C’est pas la question, t’es crade!
-sympa! Se renfrogna-t-il, la mine boudeuse.
Un vrai sourire naquit chez son hôte. Il lui ébouriffa à nouveau les cheveux. Kou lui rendit un regard noir. Puis un silence s’installa entre eux. Blood en profita pour soigner la blessures luisante à de son bras, optant avec la précision d'un scientifique chaque particules et morceaux de pierres de celle-ci. Puis il finit par le bander. Une fois cela terminer, il se saisit de son paquet de clope, domicilié sur la table basse et en colla une entre ses lèvres, qu’il alluma. Un fin nuage de fumée s’échappa finalement de sa bouche. Le silence fut brisé avec hésitation par Kou cette fois.
-Blood …
-hum!
Il le fixa du coin de l'œil, dans l’attente qu’il se décide au lieu de se tordre les mains. Kou finit par lever des yeux timides vers lui.
-je voudrais savoir … euh … qui était … cet homme dans le scaphandre?
Blood tira sur sa clope, ne répondant pas tout de suite, il laissa passer la fumée entre ses lèvres et ses narines. Finalement Skins avait eut raison, et ça l’irritait au plus haut point.
-l’homme que tu as vu, c’est mon frère!
Kou resta sans voix à cette nouvelle, estomaqué. Quoique, il aurait dû s’en douter, à bien y regarder ils avaient bien un air de famille. Comment? Pourquoi Blood avait-il pu enfermer son propre frère dans un scaphandre en verre? Qu’avait-il bien pu se passer entre eux pour qu’il en arrive à une telle extrémité?
Malgré les interrogations qui envahissaient son esprit, le jeune homme resta silencieux, attendant la suite – si celle-ci arrivait un jour-.
-il était devenu trop dangereux, incontrôlable. J’ai été obligé de l’enfermer pour éviter la catastrophe. Sa soif de sang était devenu si virulente, qu’il s’en prenait à tout ceux qui croisaient son chemin. Que ce soit un humain ou même un vampire il ne faisait aucune distinction. Il avait toujours été instable psychologiquement. En général, ceux qui naissent vampires, ne sont pas pris de folie comme le sont ceux qui le deviennent par la force ou par soumission. Celui qui t’a attaqué ce soir était l’un d’entre eux.
Se rappel, fit frissonner le châtain, l’intensité de son regard affamé, le poursuivait même maintenant. Il se frotta les avant-bras pour se calmer. Blood continua sur sa lancée. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas parlé de son frère à quelqu’un.
-les hunters ont commencé à le chasser, puisqu’il avait été décrété comme nuisible pour notre société. Mais il tuait tous ceux qui venaient. Finalement c’est moi qui m’en suit charger vu que ces incapables n’y étaient pas parvenus.
Kou put sentir le mépris dans sa voix. Au moins, son opinion était claire à propos des hunters.
-je n’ai néanmoins pas pu le tuer, il est mon frère cadet après tout! Ironisa le vampire, un sourire mauvais aux lèvres.
Kou médusé, ne dit rien mais il était content de ne pas être son frangin. Sa gorge était sèche maintenant.
-mais n’y avait-il pas un autre moyen?
blood lui lança un regard en coin.
-je veux dire … que de l’enfermer de cette façon? Il n’aurait pas pu être mis … dans un endroit sûr plutôt … Bégaya-t-il, intimidé.
«Merde! Pas besoins de me regarder comme ça, tu me donnes des sueurs froides!!»
-à part le tuer, non!
La franchise et le manque de remord de Blood le fit blêmir.
-et puis, ça revient un peu au même! Là au moins il ne risque ni de s’ennuyer, ni de s’échapper! Fit-il remarquer, avec un sourire sadique. C’est juste comme une hibernation forcée!
-il est encore vivant?!
-oui! mais je ne le libérerais jamais!
Son sérieux était de retour. Son reste de cigarette vient s’écraser dans le cendrier sur la table basse.
Kou était accroché à ses lèvres, la curiosité le dévorait, il voulait savoir maintenant.
-pourquoi?
Son visage s'assombrit encore, lui donnant un air lugubre, les sourcils excessivement froncés, le menton au creux de ses poings joints.
-parce qu'il m'a juré de me détruire moi et tous ceux qui me sont chers! Je ne le laisserais pas faire!
Ses mains se crispèrent l'une contre l'autre. Ses prunelles meurtrières fixaient un point invisible au châtain. Kou baissa la tête, se sentant coupable maintenant d'avoir insisté.
-je suis désolé ...
-hum !
Cela fit au moins sortir le vampire de ses pensées.
-je t'ai rappelé de mauvais souvenirs!
Le brun se tourna vers le jeune homme, intrigué par ses paroles. Il fut frappé par sa mine grise et basse, adossé contre le dossier, se frottant les avant-bras à cause de la fraîcheur qui régnait au rez-de-chaussé.
-hum, ne t'en fais pas! Le rassura-t-il, en lui ébouriffant les cheveux d'un mouvement taquin, ce qui lui valu un petit regard noir en coin, tout en replaçant ses mèches rebelles correctement.
-tu n'as pas à te faire du soucis pour tout ça! Je ne voulais pas que tu le découvres pour ne pas t'inquiéter! Demeurer ici tout en sachant qu'un mec congelé se trouve à coté, c'est pas très rassurant! Rit doucement le vampire.
«déconnes!?» pensa Kou, ne voyant pas trop où était le coté comique de la chose.
-alors, ne te tortures pas. Tu devrais aller te coucher, t'as eut une journée éprouvante!
Le châtain le fixa en coin.
«c'est ça remue le couteau dans la plaie, t'as raison!»
Blood le remarqua rapidement, et afficha un air d'innocent et d'incompréhension factice, ce qui irrita encore un peu plus le jeune homme.
Un sourire de paix vient remplacer toutes ses expressions fabriquées. Kou finit par le lui rendre, de toute façon trop claquer pour guerroyer. Il pourrait toujours lui poser d'autres questions sur son frère le lendemain, à tête reposée.
Blood l'aida à se lever, passant un bras autour de sa taille. Le bras du châtain autour de ses épaules. Ils se dirigèrent vers le hall à pas lent. Un froid glaciale fit subitement frissonner le plus jeune, qui s'arrêta. Et se frotta énergiquement les bras pour se réchauffer.
-Blood, tu ne trouves pas qu'il fait vraiment froid? Fit-t-il remarquer, en jetant un coup d'oeil discret vers le fin interstice, dont la porte avait été laissée ouverte. Des nuées de fumée bleutée s'échappaient par vagues.
Le vampire eut la même réaction. Il fixa avec insistance le couloir.
-attends là, je reviens tout de suite!
Le ton de sa voix ne laissait aucun choix au jeune homme. Il le planta dans le hall.
Il passa aussitôt le fin couloir, d'un pas pressé, munis d'un mauvais pressentiment. Il arriva vite sur le pas et le franchit avant de s'arrêter net, tel une statue. Son visage impassible ne montrait pas la bouffée de sentiments violents qui montait en lui.
La silhouette longiligne de son comparse apparue à ses cotés, décidé à le rejoindre vu qu'il ne revenait pas. Il fronça les sourcils, intrigués par le stoïcisme du vampire.
-qu'est-ce qu'il y a?
-... mon frère ... il n'est plus là!
Les yeux de Kou s'écarquillèrent et il pénétra un peu plus dans la pièce comme pour vérifier ces dires. Puis se figea. Le sol était couvert de morceaux de verre autour du scaphandre, à la vitre explosée. Des tâches et des gouttes de sang les recouvraient, éparses, sur le sol blanc. Elles menaient toutes vers la sortie, devenant moins présentes. Les yeux de Kou remontèrent leur cheminement jusqu'à arrivé au mur, où coulait encore le liquide de vie. Une inscription se détachait en grosses lettres brillantes. Un silence de mort s'était imposé, en maître, prélude des prochains évènements.
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«JE TE DETRUIRAIS»
à suivre...